Mé Kékya ?

ou Bon débarras (épisode 1)

Tiens, il y a un attroupement devant chez l’Idiot. Allons voir !

C’était par une belle soirée de fin de printemps, l’an passé. La température était douce, permettant les premières sorties tardives. Pourtant les gens de Piay sont peu portés sur les déambulations nocturnes, la marche à pieds. Préfèrent leurs écrans plats depuis la dernière coupe du monde.

Pourtant, ce soir là, il y avait petite foule devant les vitrines de Célestus Baker, vite surnommé l’Idiot, en raison de son commerce…

_ Ben dis-donc Thierry, comment qu’il la fait rentrer celle-là ?

_ Comme les autres, par le côté.

_ T’es sûr ?

_ Comment veux-tu Clément, faire autrement ?

_ T’as vu le plan incliné ?

_ Oh , juste un jeu de vérins de l’autre côté, une fois la Rolls dessus.

_ En tout cas belle bagnole !

_ Ouais !

_ Elle vient d’où ? Demande alors Roger qui se mêle à leur conversation.

_ Des US paraît-il… Elle aurait appartenu à un chanteur de Country. T’as vu ses couleurs ?

_ Sûr, faut aimer !

Un peu plus loin c’est Angélina, au bras de Karim qui lorgne la voiture.

_ J’aimerais bien me marier là-dedans…

_ T’es pas louf ?

_ Ben quoi ?

_ T’as le blé pour ? Toujours ta folie des grandeurs.

_ T’as toujours une excuse pour dire non.

_ T’as qu’à t’en trouver un autre.

_ Sais bien qu’ j’aime qu’ toi.

_ C’est pas une raison pour avoir de telles envies. T’es pas enceinte qu’ j’ chasse.

_ Que je sache.

_ Qu’est-ce t’essaye de m’embrouiller !

_ On ne dit pas que je chasse mais que je sache.

_ Et tu saches quoi ?

_ Zut à la fin.  Elle se sépare de Karim et quitte la vitrine pour rentrer chez elle.

La scène n’a pas échappée  à Martine et Nicole, deux quinquas inséparables. Tout à leurs commentaires sur l’Angélina, elles entendent le trio poursuivre leur discussion sur la Rolls exposée dans le garage.

_ Au fait, pourquoi l’a-t-il fait venir ?

_ Savez-pas ?

_ Ben non, on te poserait pas la question autrement.

_ C’est pour le mariage à la  Romarine (2) de Maisy lès Piay.

_ La …

_ Elle-même. Paraitrait que son père, Thierry Goureux,aurait dit à son futur gendre qu’il n’y aurait jamais de reprise.

_ J’ l’ comprends. Doit être trop content de la lui refiler.

_ C’est vrai que ces pas les 400 coups qu’elle leur aura faits, mais plutôt les 4.000 coûts.

_ T’es dur !

_ P’être, mais ils en ont lâché du fric pour elle. Jamais rien n’était trop beau à ses yeux.

_ Et tu dis que c’est pour son mariage cette Rolls ?

_ Ouais, elle servira pour le cortège.

Le visage de Clément s’emplit d’un large sourire.

_ A quoi tu penses lui demanda Roger ?

_ Heureusement que son père à des pompes.

_ Pourquoi ?

_ Parce que l’autre, là, en désignant la Rolls, elle suce pas mal.

_ Mais pas autant que l’autre, murmura Nicole à l’oreille de Martine.

_ Qu’elle autre ?

_ Ben la p’tit’ qui c’est cassée, là.

_ Tu la connais ?

_ C’est celle qui s’occupe des maillots du XV de Trainons lès Piay. Et pas que des maillots si tu vois c’ qu’ j’ veux dir’.

_ Tu crois ?

_ T’as qu’à demander à Martin (son frère) elle a failli lui faire des copeaux tellement elle était pressée.

_ (1) cf. 3-105 – Pied de nez à Piay

   (2) cf. 2-129 – L’étançon dure

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