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FCF-Rétrovision 3
12 septembre 2009

Les(nouveaux) pestiférés

AVERTISSEMENT

Je ne voudrais pas que certains lecteurs soient choqués par la futilité du sujet à l’heure où la crise économique continue et que nombre de salariés cherchent du travail ou risquent de perdre le leur. Je partage leur crainte et leur inquiétude. Mais je me devais de ne pas rester silencieux devant la généralisation d’un procédé commercial étrange, à deux vitesses.

Histoire sans images

Nous sommes dans la salle du restaurant « la Fourchette » où Jean Aymar du Tacot, président du … a convoqué la presse.

_Monsieur le Président, pourquoi cette conférence de presse en marge de la manifestation ?

_ Parce qu’il y en a assez que l’on nous prenne pour des pestiférés. Je vous rappelle que la dernière épidémie de peste a été enrayée bien avant 1750.

_ Je ne comprends pas ?

_ Nous sommes ici du mauvais côté du pont.

_ … ???

_ Oui, la France est une nouvelle fois coupée en deux. Au niveau du pont sur l’Ondine-Aubeur. De l’autre côté du pont, au Nord, ils auront les camions dès la semaine prochaine. Nous de ce côté, au Sud, que dans six mois environ.

_ Et alors ?

_ Je vais vous faire un dessin… C’est à dessein qu’un nouvel éditeur a pris la décision de diffuser une nouvelle collection en deux temps, dès le 22 septembre prochain pour le Nord de la France et, certainement dans six mois, dans le Sud. Ce seront encore les mêmes collectionneurs qui devront encore une fois attendre et baver devant les modèles achetés par les autres.

_ Oui, mais ils peuvent s’abonner…

_ Peut-être, mais ils devront payer en plus les frais d’envois. D’où un surcoût pour eux, mais surtout, ils ne recevront leurs miniatures qu’après ceux qui les auront acheté chez un pressier.

_ Et où est le problème ?

_ Le problème, si problème il y a... Appelons la chose comme ça si vous le souhaitez... C’est que si un éditeur veut privilégier l’abonnement à tout autre mode de diffusion, il devrait tout mettre en œuvre pour que l’abonné s’y retrouve. Déjà certains éditeurs incorporent le prix d’envoi dans le prix d’achat. Ici ce n’est pas encore le cas semble-t-il. Et…

_ C’est pour ça que … ?

_ Permettez, je termine… Et, disais-je, l’éditeur devrait servir ses abonnés avant les pressiers. Or c’est l’inverse qui se produit, vu que, pour limiter les frais d’envoi, les miniatures ne sont expédiées que par deux ou trois à la fois. A raison d’une parution tout les quinze jours, vous voyez le décalage.

_ D’accord, mais pourquoi… ?

_ Pourquoi ils font comme ça ? Faut le leur demander. Mais je pense que leurs actionnaires devraient réfléchir à un peu plus long terme que leur courte vue, car à vouloir toujours plus de dividendes et plus vite encore, ils sont en train de scier la branche sur laquelle ils sont assis.

_ Vous pouvez expliquer ?

_ Bien sûr… C’est saint Pognon qu’ils veinèrent ou si vous préférez saint Brouzouf. Il leur en faut toujours plus. Et comme les ventes ne sont pas extensibles à l’infini, ils demandent à ce qu’on rogne sur les frais. D’où la situation que l’on connait avec cette diffusion en deux temps. Et je ne parle pas de l’évaporation des modèles en cours de distribution.

_ C’est quoi l’évaporation ?

_ Ce n'était pas l’objet de notre manifestation. Mais bon, je vous explique en deux mots. Imaginez une pyramide. Sa pointe c’est le stock à diffuser, disons de 10.000 pièces, et tout en bas, à la base, ce sont les centaines de points de vente. Le sommet est relié à la base par des intermédiaires. Et que constatons-nous. C’est qu’à l’arrivée, sur les 10.000 pièces, il est arrivé que le total distribué ne fasse plus 10.000. Il y a eu disparition d’un certain nombre d’unités. Et dans le même temps certaines apparaissent dans un circuit parallèle. Voilà ce que j’appelle l’évaporation.

_ Merci pour cette explication. Mais revenons à la diffusion proprement dite. Que lui reprochez-vous de fait ?

_ Ce que nous lui reprochons est pourtant simple. A vouloir rogner sur les frais de distribution pour satisfaire les actionnaires, un éditeur se coupe d’une partie de sa clientèle qui se lasse d’être le « parent pauvre » de ce système pour les raisons déjà évoquées. Car ce sont encore ceux qui se trouvent au sud d’une ligne imaginaire qui sont touchés.

_ Pardon ?

_ Ben oui, il semble que l’histoire se répète une fois de plus. Le Sud est la victime expiatoire d’on ne sait quelle faute.  Celle d’avoir été touché le premier par la peste ? De ne pas avoir été occupé tout de suite pendant la dernière guerre ? De compter trop de retraités? Ou on ne sait pas quoi d’autre. Toujours est-il que ce sont les mêmes collectionneurs qui devront attendre le nez devant la vitrine de magasins fermés. A force ils vont se détourner des dernières collections presse.

_ Et que pouvons nous faire pour vous aider ?

_ Que la frontière qui sépare le canton de Piay de celui de Cernés soit supprimée car les distributeurs dont ils dépendent sont de part et d’autre de celle-ci. Celui de Cernés est au Nord et livrera les camions, celui de Piay ne les distribuera que dans six mois vu qu’il est au Sud…

Je voudrais interpeler par votre biais, tous les hommes politiques, qu’ils soient députés, sénateurs, députés européens, ou autres, qui pourraient relayer ce message. Il doit bien s’en trouver deux ou trois qui soient collectionneurs de miniatures. Je voudrais les interpeler pour qu’ils interviennent auprès de Bruxelles et des personnes compétentes pour permettre, voire imposer, la libre diffusion des collections presse à travers toute l’Europe et faire ainsi disparaître les guettos nationaux actuels. Pourquoi n’est-il pas possible à un collectionneur français de s’abonner à une collection presse italienne ou espagnole et à un italien de s’abonner à une collection française ? A l’heure de la mondialisation du commerce il existe encore des cloisonnements internes d’un autre temps qui font le bonheur d’un commerce parallèle. Et un autre que l'on vient de créer entre français. Qu’ils en profitent pour supprimer la division de la France en deux zones. Je sais, c'est de la pure utopie, le temps d'obtenir ce résultat, les collections presse seront passées de mode depuis bien longtemps, mais il est beau de rêver et d'y croire. Je les en remercie par avance.


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