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FCF-Rétrovision 3
24 janvier 2010

Tiens bien le pinceau

Il n’y avait pas 24 heures que Pedro Barbosa (1) n’était revenu à Ménoies sous Vairges que son téléphone sonnait. Il crut tout d’abord que c’était son ami Gérard Manpassoif, complice de maintes aventures et aujourd’hui journaliste retraité, qui l’appelait. Pourtant le numéro qui s’affichait sur l’écran lui était inconnu. C’était le 04.xx.xx.22.22.

Cela aurait du lui mettre la puce à l’oreille, mais non. Il ne voyait pas qui pouvait le déranger dans sa sieste. Soulevant l’appareil il dit :

_ Ici Barbosa !

_ Bonjour Monsieur. Maréchal des Logis Defrance…

_Bonjour. Que puis-je pour vous ?

_ Peu et beaucoup à la fois. Nous avons un cadavre sur les bras au garage du Cernois.

_ Oui, et en quoi suis-je concerné ?

_ Ben, nous ne sommes pas tous d’accord.

_ Pardon ?

_ Oui, nous nous posons des questions.

_ C’est normal au début d’une enquête.

_ Peut-être, mais dans le cas présent c’est un peu le foutoir. Et comme j’ai été sous les ordres du Capitaine Henri Deveaulx (2) que vous avez aidé dans une de ses enquêtes, j’ai pensé que vous pourriez peut-être aussi m’aider…

_ D’accord. Le temps de me changer et j’arrive.

_ Je vous attends.

_ Juste une question cependant. Comment saviez-vous que je me trouve à Ménoies ?

_ Oh. C’est tout simple. On nous a signalé qu’une voiture ancienne d’un modèle inconnu y était arrivée. Il ne nous a pas fallu trop longtemps pour savoir que c’était vous. Au fait, c'est quoi comme voiture?

_ Une australienne, une Chryslier Valiant de 1966Ah bon. merci de l'info.

_ Bon j’arrive.

Et quelques minutes plus tard, El Babosa faisait son apparition aux abords de la scène du crime.

La première personne qu’il croisa était le responsable du garage qui lui raconta en quelques mots la situation.

Il y avait un mort sur le toit du garage. C’est un des ouvriers qui l’a découvert peu après la reprise du travail à 13h30. Alors qu’il allait pénétrer dans l’atelier il a entendu une sonnerie de portable à l’extérieur. Il s’est retourné mais l’esplanade était vide. Il n’y avait encore personne. Pourtant un téléphone sonnait quelque part. Il s’est avancé et a cherché d’où provenait la sonnerie. Ou plutôy la musique. Elle l’a amusé un petit moment car il entendait : « Gaston, il y a le téléphon qui sonn’ et y a person’ qui y répond ». Vous savez, la chanson de Nino Ferrer. Bon quoi. Et juste avant qu’elle ne s’arrête il comprit qu’elle venait du dessus du lavage. Avisant l’échelle qui était adossée à la façade, il est monté voir. Et il a vu…

Il a même failli se casser la gueule tant il voulut vite redescendre.

C’est alors que le Maréchal des Logis  Defrance repéra Pédro Barbosa et le pria de le rejoindre sur ledit toit. Là se trouvait le corps de Clément Tinégeur, peintre en bâtiment.

_ Puis-je vous poser une question ? Demanda El Babosa.

_ Faites.

_ Qui sont ces gendarmes en kaki ?

_ Ce sont des collègues de Groland qui sont en formation chez nous. Pourquoi ?

_ Z’ont pas l’air très futés.

_ Ils s’y refont vite à nos méthodes. Mais pour ce qui est de notre affaire, nous sommes partagés entre deux hypothèses.

_ Déjà ?

_ Pourquoi déjà ?

_ D’habitude il n’y a qu’une piste de privilégiée et là vous en auriez deux ?

_ En effet. La première est celle de l’accident. Une malencontreuse chute depuis le haut de l’échelle…

_ Et l’autre ?

_ Une mort naturelle, crise cardiaque ayant entraîné la chute.

_ Vous faites fausse route. Si vous le permettez.

_ Hein ? Fausse route ? Vous pouvez être plus clair ?

_ Oh oui. Il s’agit d’un crime.

_ Et sur quoi vous appuyez-vous ? Vu qu’il n’y a pas cinq minutes que vous êtes arrivé. A moins que vous n’en soyez vous-même l’auteur.

_ Pardon ?

_Excusez-moi. Ce n’est pas ce que je voulais dire.

_ Peut-être, mais c’est ce que j’ai entendu.

_ Je vous renouvelle mes excuses.

_ C’est bon.

_ Alors sur quoi repose votre affirmation ?

_ Sur la mise en scène. La disposition de l’échelle, du corps et du pot de peinture.

_ D’où ?

_ S’il y avait eut chûte accidentelle les trois seraient plus écartés les uns des autres.

_ Si très artificieux comme argument.

_ Peut-être, mais j’en ai un autre, quasi imparable.

_ Et lequel ?

_ Je vous laisse réfléchir un petit moment si vous le permettez.

D_401_GR01_Tiens_pinceau

D_401_GR02_Tiens_pinceau

D_401_GR03_Tiens_pinceau

D_401_GR04_Tiens_pinceau

…..

_ Bon, assez plaisanté. Quel est votre autre argument ?

_ Vous ne l’avez toujours pas trouvé ?

_ J’avoue que non.

_ C’est normal puisqu’il a disparu.

_ Disparu ?

_ Oui, disparu. Il n’est plus sur le lieu du crime.

_Ah bon ? J’en perds le peu de latin qui me reste.

_ Pourtant c’est tout simple. Ça saute aux yeux tout de suite. C’est…

_ Eh Defrance ! Ton gars il est venu comment ?  C’était le chef des Grolandais qui s’approchait.

_ Quel gars ?

_ Ben le refroidi…

_ Je vois pas le rapport ?

_ Moi si, intervient El Babosa qui, se tournant vers l’arrivant, ajouta : Je crois que vous avez trouvé.

_ Trouvé quoi ?

_ La preuve qu’il s’agit bien d’un crime.

_ Parce que c’est un crime ?

_ Ben oui, pourquoi cherchez-vous son véhicule ?

_ Pour ranger le pinceau qu’on a trouvé sur la pelouse, là-bas.

Pour sûr, sont pas près d’aboutir. Pourtant j’ai bien cru qu’il avait compris le scénario. Et vous ?

Je vous aide. Avez-vous jamais eu affaire à un artisan pour des travaux domestiques. Plus ceux-ci sont petits, plus il étale de matériel. L’autre jour, pour réaligner un siphon sous un évier il en est venu un avec son Sprinter Mercedes. Alors, toujours pas trouvé ?

Ici il n’y a rien qui signale sa présence. Où se trouve la fourgonnette du peintre ? Qui l’a prise ? Ah enfin !

_(1) Pedro Victorino Josep Barbosa-Minguez, plus connu de nos lecteurs sous le nom de Pedro Barbosa, et aussi  appelé el Babosa. Cf. le tome I de Fcfretrovion, rubrique El Babosa por favor

_(2) cf. 504 Drôle de réveil matin


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